法语悦读课程 | 在企业中,临时工对自己的工作没有发言权
发布时间:2025-05-29 08:28:51
Elena Mascova et Arnaud Mias, sociologues : « Dans l’entreprise, les intérimaires n’ont pas leur mot à dire sur leur travail »
社会学家艾琳娜·马斯科娃(Elena Mascova)与阿尔诺·米亚斯(Arnaud Mias):“在企业中,临时工对自己的工作没有发言权”
背景导读
Lors de leurs missions, les travailleurs intérimaires font l’expérience de la fragilité et de la solitude face aux risques professionnels physiques et psychiques, estiment les deux sociologues.
两位社会学家认为,临时工在执行任务时,往往会体验到在面对身体和心理职业风险时的脆弱与孤独。
II. 阅前思考
临时工在企业中的地位如何?
这个问题旨在帮助读者思考临时工与正式员工的差异,尤其是在工作环境、待遇和权利等方面的区别。通过思考这个问题,读者可以更好地理解文章中提到的临时工的处境。
什么是职业风险,如何影响员工的身心健康?
这个问题引导读者思考职业风险的多重含义,包括身体和心理方面的挑战。思考这些风险如何影响员工的整体健康和工作效率,将有助于更深刻地理解文章中提到的“脆弱性”和“孤独”感。
为什么社会学家会关注临时工的心理和情感状态?
这个问题帮助读者从社会学的角度理解为什么临时工的情感和心理状况值得研究。通过反思这个问题,读者可以更全面地认识到工作环境如何对员工的心理健康产生深远影响,尤其是在不稳定的就业形势下。
词汇及表达 intérimaires (n.m.) • 含义:临时工,指暂时雇佣的工作人员,通常是为了替代缺席的员工或者在短期内处理特定任务。 • 解释:这个词常用于工作场所,指代那些合同期限较短、工作的任务较为临时的雇员。 例句:Les intérimaires sont souvent appelés pour remplacer les employés en congé. (临时工通常被叫来替代休假的员工。) fragilité (n.f.) • 含义:脆弱性,指某物或某人缺乏坚固性或稳定性,容易破裂、损坏或受到影响。 • 解释:可以指物理上的脆弱,也可以引申为人的情感、健康或经济状况的脆弱。 例句:La fragilité de l’économie mondiale inquiète les experts. (全球经济的脆弱性让专家们感到担忧。)
Elena Mascova et Arnaud Mias, sociologues : « Dans l’entreprise, les intérimaires n’ont pas leur mot à dire sur leur travail »
Lors de leurs missions, les travailleurs intérimaires font l’expérience de la fragilité et de la solitude face aux risques professionnels physiques et psychiques, estiment les deux sociologues.
Coauteurs de l’ouvrage collectif La Condition intérimaire (aux éditions La Dispute), les sociologues Elena Mascova, du cabinet IRTEM, et Arnaud Mias, de l’université Paris Dauphine-PSL, développent dans une interview au Monde ce que recouvre l’expérience totale de l’intérim : la rudesse des conditions de travail et l’exclusion du collectif de travail, notamment.
Vous vous intéressez dans votre ouvrage aux conditions de travail des intérimaires plus qu’aux enjeux d’emploi auxquels ils sont confrontés. Pourquoi avoir privilégié cette approche ?
Arnaud Mias. Les premiers travaux sur l’intérim, menés voici plus de vingt ans, ont eu tendance à mettre en lumière l’hétérogénéité des expériences de l’intérim : certains travailleurs ne font que quelques heures, d’autres sont à temps plein, d’autres encore s’en saisissent comme une voie d’entrée dans le monde du travail… En insistant sur cette diversité des parcours, on prend le risque de minimiser la question des conditions d’exercice. Nous avons donc souhaité nous pencher prioritairement, non sur le rapport à l’emploi, mais sur les conditions de travail, en identifiant des traits communs aux parcours intérimaires. C’est d’ailleurs pour cela que l’usage du singulier a été retenu pour le titre de l’ouvrage, La Condition intérimaire – en écho au travail de Simone Weil (1909-1943) et à son ouvrage La Condition ouvrière.
Cette « condition intérimaire » apparaît d’abord comme l’expérience d’une « fragilité », qui peut toucher les travailleurs sur le plan tant physique que psychique…
Arnaud Mias. Nous avons souhaité rendre compte de l’expérience de l’intérim dans sa globalité. On parle souvent, à juste titre, d’une fréquence des accidents du travail alarmante chez les intérimaires. Mais, au-delà, il nous a semblé important d’interroger l’expérience totale de l’intérim, en évoquant les relations de travail, y compris le mépris qui peut parfois être ressenti, le manque de reconnaissance, l’impossibilité de se voir reconnaître une qualification…
Elena Mascova. Au cours des entretiens que nous avons menés, les intérimaires ont aussi insisté sur le fait que leur statut leur impose de toujours faire leurs preuves. La question du surinvestissement qui leur est demandé et de ses conséquences se pose donc également. Dans les collectifs de travail, la répartition de la pénibilité est d’ailleurs un enjeu de rapports sociaux très important.
Arnaud Mias. On observe à ce sujet que les permanents ont tendance à confier le « sale boulot » aux intérimaires. Lesquels auront plutôt tendance à ne pas protester, pour cohabiter le temps de la mission, dans une ambiance le moins dégradée possible.
Quel regard les intérimaires portent-ils, justement, sur les relations au travail ?
Arnaud Mias. Le rapport au collectif apparaît marqué par une importante ambivalence. On note tout d’abord de la part des intérimaires une grande sensibilité à l’ambiance au travail. Ils sont ainsi très attentifs aux personnes avec lesquelles ils vont être amenés à travailler (les collègues, mais également leurs supérieurs hiérarchiques) et à la qualité des relations qui pourront se construire. C’est un élément important qui sera pris en compte lorsqu’ils décideront s’ils souhaitent ou non revenir dans l’entreprise.
Cela étant, et c’est là le cœur de l’ambivalence, ces attentes fortes sur l’ambiance se confrontent à des relations de travail marquées par la précarité d’emploi. Cela s’incarne notamment dans la répartition des tâches que nous venons d’évoquer et ce « sale boulot » qui peut leur être attribué.
Elena Mascova. On le constate également à travers une occupation de l’espace différente en fonction du statut des travailleurs. Dans les entreprises qui emploient en permanence un volet important d’intérimaires, on observe parfois que les intérimaires n’ont pas le même vestiaire que les salariés permanents, et qu’ils ne mangent pas au même endroit que ces derniers. Une séparation se crée. Les intérimaires vont donc devoir intégrer cette extériorité au collectif de travail. En découle de l’amertume, l’impression de ne jamais « participer à » ou « faire partie de ». Or ce sentiment d’appartenance et la fierté qui en découle sont importants pour favoriser le bien-être des travailleurs.
Arnaud Mias. Au-delà, c’est la question de la démocratie dans l’entreprise qui est interrogée. Une part de l’épanouissement au travail est liée à la possibilité de s’exprimer sur les tâches que l’on accomplit, de pouvoir peser sur la façon dont on les réalise. Or les intérimaires n’ont pas réellement accès à cette parole. Les tâches sont fixées, ils n’ont pas leur mot à dire. Cela n’est pas seulement lié à une hiérarchie autoritaire ou à une organisation tayloriste ; c’est aussi la conséquence des relations de travail qui sont nouées avec les salariés permanents et leurs responsables.
Vous mettez également en lumière la solitude de ces intérimaires face aux risques professionnels auxquels ils peuvent être exposés…
Arnaud Mias. Il y a des failles dans le système de prévention. Ce n’est pas lié à la mauvaise volonté des médecins du travail ou des préventeurs présents dans les groupes d’intérim. Cela s’apparente bien davantage à un problème systémique. Une relation triangulaire est en place (intérimaires, entreprise d’intérim, entreprise où le travailleur effectue sa mission), qui tend à invisibiliser les problèmes et à déresponsabiliser les deux entreprises. Ils ont, en principe, de nombreuses obligations concernant les risques professionnels. Mais, dans les faits, il est très compliqué de suivre ces procédures et, in fine, les intérimaires sont renvoyés à une gestion individualisée, et bien souvent « bricolée », de leur propre santé.
Elena Mascova. Ces risques professionnels sont également renforcés par le fait que les intérimaires sont d’éternels « nouveaux salariés ». Ils ne maîtrisent pas aussi bien les règles que les permanents et n’ont, en outre, pas de poids pour peser sur leur application. On constate qu’ils ont par ailleurs très peu recours au droit de retrait. Ils craignent, en en faisant usage, d’être mal vus tant par l’entreprise où ils travaillent que par l’agence d’intérim, et de ne pas être recontactés pour de nouvelles missions. C’est là une autre conséquence négative de cette relation tripartite complètement asymétrique.
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